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Hommage funèbre de Claude Lavy
C’ÉTAIT NOTRE
CAMARADE. C’ÉTAIT MON AMI.
J’avais, et j’ai gardé, de très bons copains des années d’EN. Marcel était l’un d’entre eux. Mais pour moi c’était bien plus qu’un copain, c’était mon ami, mon frère de cœur. Pourquoi ?... Comme Montaigne l‘a résumé de façon lumineuse s’agissant de l’amitié rare, celle dont les mots ne peuvent rendre compte : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Et pourtant nos trajectoires de vie ne nous ont guère permis de nous rencontrer régulièrement depuis les temps lointains où je me suis éloigné des terrains de rugby que nous avons longtemps foulé de concert. Nous les avions découverts ensemble – et nous nous y sommes découverts !- lors des après midi de plein air du Lycée de Chambéry où je fis un passage éclair en 1955/56, avant un apprentissage plus sérieux sous la férule de René Cantin à l’EN. C’est tout naturellement que, dès l’automne 57, je l’entraînais, avec quelques autres, à prendre une licence à l’USM, le club de rugby de Montmélian (1). Mais, les murs de l’EN n’ayant rien de ceux d’une prison, ce n’est pourtant pas la pratique assidue du rugby qui nous amena, en 59, pour rattraper le BAC piteusement échoué à la 1ère session, à passer ensemble des vacances studieuses, alternant révisions moissons et autres travaux champêtres à la ferme paternelle en juillet, puis en août révisions et loisirs sages à Bissy chez son père cheminot!
A la sortie de l’EN il rejoignit sa classe unique, moi mon CP. Son sursis épuisé le conduisit au 13ème BCA alors que je faisais un passage au C.C. de Chamoux, avant d’obtenir un poste au CC de Montmélian, poste que j’abandonnais en toute discrétion un an plus tard pour satisfaire à mon tour à mes obligations militaires (passées de 24 à 18 mois entre temps). Et c’est mon poste (déclaré vacant hors délais !) qui échut à Marcel de retour du service militaire. Il ne l’a plus quitté de toute sa carrière. C’est d’ailleurs dès cette année 63/64 avec Marcel Novel également affecté à Montmélian à la rentrée, et G.Martin qu’ils structurèrent l’école de rugby esquissée empiriquement par mes soins l’année précédente (2). Nos activités respectives nous ont alors fait prendre des trajectoires de vie différentes, et la distance a espacé nos fréquentations après l’arrêt du rugby. Mais les liens initiaux sont restés intacts. Jamais je ne suis repassé en Savoie sans passer le saluer longuement ; je devrais dire « les saluer », car c’est à l’occasion d’une de nos (3) nombreuses sorties dans la région de Chamoux que j’ai assisté à l’idylle naissante du couple qu’il a formé jusqu’à sa mort avec Marie Claude. Et à chaque rencontre nous devisions comme si nous nous étions quitté la veille.
Trop souvent l’hommage funèbre a naturellement tendance à effacer les aspérités de la personnalité du disparu. Mais je ne crois pas qu’un seul camarade de promotion puisse garder un seul souvenir négatif de celui que nous surnommions affectueusement « La Pom. ». Chacun en gardera sa propre image. En ce funeste Jeudi ses copains les plus proches étaient là, nombreux. Pour eux en tout cas il est des mots chargés de sens quand il s’agit de Marcel : courage, générosité, fidélité en amitié, franchise, discrétion, force de caractère, ténacité, gentillesse naturelle, capacité d’écoute, … Et il a fallu cette saloperie de maladie pour avoir raison de cette force tranquille qu’ils ont apprécié chez lui.
Pour ceux qui croient encore contre vents et marées aux vertus de l’Education et de l’engagement laïque et citoyen il fut un digne héritier d’une tradition, celle des « hussards noirs ». Et c’est pour moi le plus grand hommage que l’on puisse rendre à un éducateur.
Claude LAVY.
(1)
1)
Ce
club plus que centenaire
s’était remis en état de marche en
1954
avec force renforts normaliens, dont le prof de gym. René Cantin,
Roger
Rinchet qui créait ainsi une véritable filière de recrutement, les
frères
Lapierre, les frères Novel, André,
Gaston
Vérollet…. J’y adhérais moi-même dès l’automne 1956 et entraînais
l’année suivante nombre de camarades. Je citerais, prenant le risque
d’en
oublier, Gérard Martin, Bernard Marillet, Jacques Blanc, Michel
Chappaz, Robert
Girard, Claude Vion, Pierre Orset,
tout
naturellement rejoints par Marcel qui en 56 fit une saison avec
Albertville (Une prise de guerre éphémère
du « Gaulois », un
des dirigeants éminents
de ce club
ami et néanmoins rival !)
(2)
2)
Dans sa prise de parole Roger
Rinchet rappelait l’implication de Gérard et des deux Marcel dans
l’organisation d’une école de natation
en me prêtant par erreur
une participation à cette initiative (je n’étais plus à
Montmélian, et
mes compétences en la matière plus que limitées).
(3)
3)
S’était constitué un groupe
informel aux frontières mouvantes et très poreuses généralement
véhiculé par
l’Aronde et la P60 dont
Marcel et
JC BRUN avait obtenu l’usage occasionnel de leurs pères respectifs.