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Quelques impressions qui me restent cinquante ans plus tard

Daniel Bret

Ce fut un long voyage : cinq jours de train, pour aboutir dans un bled où nous étions seuls à plusieurs kilomètres à la ronde. Le "Patron" qui nous avait accompagné allait faire une lettre de réclamation bien sentie à la Ligue de l'Enseignement qui avait eu le culot de nous planter dans un tel désert. Le logement était la gare de Bjornfjell à une quinzaine kilomètres de Narvik. Les photos, même si elles ont souffert après un traitement terrible, donnent une bonne idée du contexte.

La traversée de l'Allemagne et de la Scandinavie en train s'était passée en jouant à la belote, pour certains en draguant quelques filles. Les copains arborant pas la suite des suçons marqués. La nuit dans les filets du train fut peu confortables. Le passage du contrôleur me replongea dans l'ambiance des contrôles de la guerre. Sur le bateau, friction avec le personnel de restauration : les copains n'avaient pas lu, ou pas voulu lire, la carte indiquant que les repas étaient forfaitaires. Ils s'étaient servi d'un gateau au self et refusaient de payer pour un repas complet ! Il a fallu l'argumentation du Directeur pour que cela ne dégénère pas avec des violences et qu'on nous accorde un tarif correcte.

Nous étions passés par Kiruna où les lapons qui travaillaient sur la voie ferrée s'étaient habillés dans leurs costumes bleus et chapeaux bleus, or et rouge, pour nous recevoir. Couleur locale. J'ai fait quelques diapos Agfa, mais elles sont devenues transparentes ! Dans notre logement, les seules distractions étaient de voir passer les grands trains de soixante wagons et plus qui transportaient du minerai de fer jusqu'à Narvik, ou de jouer à la belote !

Nous avons fait une excursion à Narvik où le directeur souhaitait voir le cimetière français. La bataille de l'eau lourde était encore dans les mémoires, et la sienne particulièrement.

L'ambiance s'est améliorée quand nous avons découvert que de l'autre côté de la frontière, à trois ou quatre kilomètres de là, une classe de jeunes filles s'ennuyait de la même manière à Riksgransen, petite station d'hiver. Cela se termina par une soirée dansante la veille de notre départ. Nous sommes rentrés de nuit après nous être un peu changé les idées, sauf un des copains, notre ami M. qui avait séduit, ou été séduit par la prof de français du groupe ! Une superbe blonde qui faisait envie à tout le monde !

Le lendemain matin, le "patron" ne le voyant pas nous demandait où il était à plusieurs reprises. Nous essayions de le rassurer en lui disant qu'il était aux toilettes ou ailleurs. Finalement, les copains ont bouclé les valises de l'absent, et on a commencé à approcher les bagages du quai où le train qui nous ramenait presque sans arrêt en France allait déboucher. Soudain nous avons vu notre ami qui arrivait en courant le long de la voie ferrée, juste à temps !

Je suppose que les participants à ce voyage en ont gardé d'autres souvenirs.